Ca
y est je l'ai dit !
Moi,
l'homme cité, le Dieu Grec du HLM, le tombeur des boîtes branchées,
le Steve Jobs de ma boîte de télécommunication, je me taille, me
barre, m'arrache, me casse de toute cette saleté.
J'en
peux plus du rythme infiniment calculé, de ma secrétaire
dégueulasse qui me fait les yeux doux tous les matins dans l'espoir
d'une promotion, du regard implorant du chauffeur pour son pécule
qui lui payera qu'un sandwich rassi du subway, de ma femme qui
m'attend à l'appart en esperant uniquement que j'ai en poche ma
prochaine paye pour se payer la dernière paire de Louboutins à la
mode, de mes clopes qui se consumment toutes seules, de mon
smartphone qui me dérange même quand j'essaye de chier
tranquillement.
Je
VEUX du vrai !
Je
veux comprendre ce que c'est de vivre, d'être un être humain avec
du temps, des ressentis.
Je
veux écouter ce qu'il se passe autour de moi sans entendre
uniquement les bruits du périph ou des gens qui gueulent, je veux
manger du pur, de la carotte avec un goût de terre qui vient de mon
potager. Je veux des soirées feu de bois dans mon salon aux murs en
pierre de taille avec les gosses qui jouent avec des jouets fabriqués
par le pro du tour à bois du village d'à côté.
Je
veux du bal de campagne ou les gens se parlent et dansent tous
ensembles juste parce qu'ils sont heureux et pas parce qu'ils
esperent un contrat monstrueux à la clé.
Je
veux du calme.
C'est
vraiment calme c'est fou.
La
journée je me balade dans le coin.
On
est un peu en Automne alors il faut dire que j'abrège mes
marches assez vite à cause de la brume mais tout est tellement
intense.
Il
y a des feuilles mortes de partout, ça fait des dégradés de
couleurs sur le sol tout autour de moi c'est impressionant.
C'est
pas non plus la meilleur saison pour démarrer le jardin alors je
vais au marché à 30 bornes. Je pensais que c'était un mythe moi la
poissonière qui crie plus fort que le boucher qui crie plus fort que
le fromager. Drôle.
Ma
femme a préféré rester à la capitale pour la scolarité des
gosses, elle trouve ça mieux.
Je
suis assez d'accord avec elle, les séparer de leurs copains et de
leur environnement n'est pas sage à leurs ages.
Ils
viendront à Noël.
Ils
ont pas pu venir finalement, on a pris l'habitude de faire Noël avec
les grands parents, et mon père est bien trop vieux pour faire la
route jusqu'ici. Ils font ça tous ensembles là-haut.
Je
suis coincé ici à cause de la Neige, les trains ne peuvent pas
bouger, les routes sont bloquées et l'aéroport le plus proche est à
200 bornes.
Comme
je n'ai pas la télé je lis un vieux bouquin qui trainait dans la
maison : La Peau de Chagrin de Balzac.
Je
suis content d'être ici. J'ai fait le bon choix. Même si je
m'ennuie souvent je réfléchie à plein de choses. Et j'écris.
Je
n'écris que de la merde. Mon style est ampoulé, ça fait mal au
coeur juste de regarder la tas de paperasse qui traîne sur la table
en pin.
Je
me fais chier putain. On est en Mars et il neige encore sans arrêts.
Je sors de moins en moins. Les bals sont nazes avec de la musique
merdique des années 90 jouée à l'accordeon et les gens ont peur de
moi parce qu'ils ne me connaissent pas.
Le
reste est trop silencieux.
Y
a même pas d'oiseaux...
Des
gens ont monté une ferme associative à côté. Ils ont pris un coq.
Au
moins avant je pouvais dormir, maintenant je suis forcé de
m'emmerder de 6 heures le matin jusqu'à ce que je tombe de fatigue.
Hier
soir j'ai marché longtemps dehors. Je crois que j'ai fait une crise
bizarre.
J'ai
trouvé au fond d'un placard une bouteille d'alcool local qui devait
pas avoir été ouverte depuis une bonne trentaine d'année. Et puis
j'ai eu envie de prendre l'air.
Et
là je me reveille et j'ai du sang et des plumes partout...
Je
n'ai aucune idée de l'heure qu'il est, j'entends hurler dehors. J'ai
peur de sortir.
Ca
frappe à ma porte, je suis sur qu'ils sont là pour moi. Ils veulent
ma tête. Je leur fais peur avec ma montre qui fait de la lumière.
Ils doivent penser que je suis une sorte de divinité très
dangereuse.
Je
suis terrifié.
Je
crois que j'avais vu une vieille carabine au grenier. Je cours, je
perds mon souffle.
Elle
est là.
Je
regarde par le vasistas, il y a encore de la brume. On est en Mai et
il y a de la brume partout !
Je
prends ma carabine, j'ouvre la petite fenêtre ridicule campagnarde
de merde.
Je
tire.
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private private la joke à ta reum |
Mayoreck